La longue et poignante histoire de mon grand-père SADLER Jacques, malgré-nous pendant la 2ème guerre mondiale


recherches généalogiques / mercredi, mai 6th, 2020

J’ai déjà retranscrit il y a quelques temps le journal de captivité qu’avait tenu mon grand-père pendant sa détention par les Russes dans le camp de Elsterhorst-Hoyerswerda, de mai à septembre 1945.

Dans ce nouvel article, je vais raconter son parcours militaire français puis allemand en m’appuyant sur les archives documentaires et les photos qui m’ont été transmises.

La famille SADLER après la 1ère guerre mondiale

Mon arrière-grand-père SADLER André est né en 1887 à Neufgrange, en Moselle. Je n’ai pas retrouvé d’archives militaires le concernant, mais comme il est né en Alsace-Lorraine annexée, il a été incorporé dans l’Armée Impériale Allemande.

Les infos dont je dispose sont maigres : lors de son mariage en 1916 avec MAUL Katharina il est infirmier à Merzig, et à la naissance de Jacques il est ouvrier de l’intendance militaire à Fraulautern (un quartier de Saarlouis).

SADLER Jacques nait le 11 mars 1918 à Fraulautern, en Allemagne.

A la fin de la 1ère guerre mondiale, ils partent vivre à Sarreguemines et s’installent dans la Ferme de la Cité. SADLER André sera responsable de la ferme, et travaillera comme ouvrier à la Faïencerie de Sarreguemines.

André et Katharina auront 3 autres garçons, Antoine en 1920, Raymond en 1927 et enfin Charles en 1941.

En juillet 1938, mon grand-père obtient son baccalauréat de l’enseignement secondaire (seconde partie – deuxième série: Mathématiques), et se destine à une carrière d’instituteur.

A cette période il rencontre SCHALLER Cécile, dont la famille habite aussi à la Ferme de la Cité à Sarreguemines.

Mais en novembre de la même année il est appelé pour effectuer son service militaire.

1938-39 : le service militaire

SADLER Jacques est « jeune soldat (service armé) de la classe 1938 de la subdivision de Sarrebourg n°150, dans le canton de Sarreguemines. » Il est arrivé au corps et a été incorporé le 3 novembre 1938 au 26e Régiment d’Infanterie.

Signalement :
– Couleur des yeux : gris
– Couleur des cheveux : blonds
– Taille : 1m74

Sur cette photo prise devant la caserne Thiry à Nancy, il est l’avant-dernier au dernier rang du haut.

Et ici au centre.

Il est nommé 1ère classe à compter du 14 juillet 1939 par ordre du régiment n°28 du 13 juillet 1939.

Le revoilà ensuite, candidat Elève Officier de Réserve, à droite sur les photos.

Sa fiche matricule militaire

Sur la base des premiers éléments trouvés dans son livret individuel, j’ai fait une demande auprès des Archives de la Moselle, qui m’ont fait parvenir la fiche matricule militaire de mon grand-père. Celle-ci est extrêmement chargée, et détaille tout son parcours pendant la guerre, dans l’armée française et dans l’armée allemande, avec de nombreux ajouts jusqu’à la fin des années 70.

1939-40 : la « drôle de guerre »

SADLER Jacques est mobilisé le 2 septembre 1939 dans le 26e régiment d’infanterie basé près de Sarreguemines.

Peu avant les hostilités, la ville est entièrement évacuée car située en « zone rouge », c’est-à-dire en avant de la ligne Maginot construite à environ 6 km de la frontière. Autrement dit, elle est condamnée. 16 000 personnes sont évacuées, et plus de 76 000 dans tout l’arrondissement, la plupart en Charente.

Je n’ai pas encore pu consulter le Journal de Marche et des Opérations du 26e RI, qui permettrait d’en connaître précisément les faits et les déplacements. Le site Mémoires des Hommes n’a publié pour l’instant que les JMO de la Première Guerre Mondiale, ceux de la Seconde Guerre Mondiale sont uniquement consultables sur place au SHD de Vincennes. Mais on peut néanmoins trouver un certain nombre d’événements sur des sites historiques militaires.

Quand éclate la Seconde guerre mondiale, son régiment est commandé par le lieutenant-colonel Etienne FRENOT. Il se voit confier la mission de réduire le saillant d’Auersmacher en territoire allemand entre la Sarre et la Blies, face à Sarreguemines.

Il s’empare du village fortifié de Sitterswald (surnommé « Hitlersdorf » par les Lorrains frontaliers) et subit quelques pertes, mais la drôle de guerre reprenant ses quartiers laisse les soldats aussi perplexes que désœuvrés.

Lors de l’offensive allemande déclenchée le 10 mai 1940, ils offrent une belle résistance et combattent dans le secteur de Forbach. Le 18 mai 1940, le colonel DIDIERJEAN succède à la tête du Régiment au colonel FRENOT, nommé Chef d’Etat-Major du 20e Corps.

Le 26e régiment d’infanterie recule jusque dans l’Oise, et établit une tête de pont à Choisy-au-Bac, au nord de la rivière, pour défendre l’Aisne et la lisière nord de la forêt de Compiègne. Le secteur de Choisy est affecté au 2e bataillon, renforcé par une compagnie d’engins et une section anti-chars polonaise.

La situation reste calme jusqu’au 5 juin. Dans la nuit du 6 au 7 juin 1940, les forces françaises de Noyon se replient et la 11e division entre en contact avec l’ennemi. Le 10 juin 1940 à 21 heures, le 26e régiment décroche et Choisy-au-Bac est occupé.

Puis les ordres de repli se multiplient : on retrouve trace du 26e RI à Jossigny le 14 juin, puis à Châteauneuf-sur-Loire le 17 juin sous un bombardement aérien très rapproché.

Enfin l’armistice surprend le régiment le 22 juin alors qu’il stationne dans la région de Limoges. Les hostilités sont arrêtées.

Photo datant a priori d’après l’armistice de 1940, annotée au dos :

26e RI – 6e compagnie – Marche d’épreuves 1940
1er rang : Couet B., Guilbert Joseph, Moreno, Augosto Joseph, Marchand Jean
2ème rang : Lemercier Jean, Bedjidian, Sadler Jaques
3ème rang : Regeon Marcel, Van Lodeghern François, Schmidt Charles

D’après ce document du Centre de Démobilisation de Limoges, daté du 11 décembre 1940, SADLER Jacques a perçu une prime de deux cent francs, et se retire Ferme de la Cité à Sarreguemines.

1940-41 : germanisation de la région et malgré-nous de l’éducation

Fin 1940, les habitants rentrent de Charente et regagnent leurs foyers. Dans l’ ensemble, la ville a subi peu de dégâts, mais les maisons ont été mises à sac.

Le nouveau régime politique en place est brutal. Il tente d’éradiquer tout sentiment patriote francophile en organisant des cérémonies où sont notamment brûlés les drapeaux tricolores.

Je n’ai pas les détails précis des mois qui suivent sa démobilisation, mais à son retour mon grand-père poursuit ses études à l’Ecole Normale d’Instituteurs de Metz.

Sauf que le 19 août 1941, avec un groupe de cinquante jeunes instituteurs mosellans, ils sont envoyés en Autriche et forcés à suivre une « Umschulung » à Sankt Pölten pour être « adaptés » au système nazi. 

Lire à ce sujet mon article sur l’histoire peu connue des enseignants lorrains jetés dans le système éducatif hitlérien en 1940

Photo datée du 25 août 1941 : De gauche à droite : Tusch (Wittring) Weissend (Bliesbruck) Gross (Rohrbach) Niederländer (Grosblittersdorf) Sadler Jacques.

Je n’ai pas de document indiquant la durée de cette période en Autriche, mais quelques ouvrages sont sortis sur ce sujet qui j’espère m’aideront à compléter cette période.

1941-42 : retour à Sarreguemines sous l’occupation allemande

La population est obligée de se soumettre à l’emprise nazie : elle est totalement embrigadée et n’a, à vrai dire, pas vraiment le choix… Malgré tout c’est le scepticisme et l’attentisme qui règnent dans les rangs. 

De retour en France, mon grand-père obtient un poste d’instituteur dans le village de Hilsprich, puis celui de Cadenbronn, à une dizaine de kilomètres de Sarreguemines.

Le 2 février 1942, son père SADLER André décède à l’âge de 54 ans.

Le 29 août 1942, les autorités allemandes annoncent l’obligation d’incorporer la Wehrmacht. Une stratégie pour envoyer les Sarregueminois sur le front Est où l’armée piétine…

Le 15 janvier 1943, SADLER Jacques épouse SCHALLER Cécile à Sarreguemines.

En mai 1943, ma grand-mère est enceinte de leur premier enfant. Mais 3 mois plus tard, leur vie va basculer.

1943 : il est incorporé de force dans la Wehrmacht

Le 26 juillet 1943, comme des milliers d’autres malgré-nous Alsaciens-Mosellans, SADLER Jacques, est incorporé de force dans l’Armée Allemande. Il est envoyé au Stammkp Grenadier-Ersatz Bataillon 234 basé à Brüx en Tchécoslovaquie jusqu’au 19 Août 1943.

J’ai une copie de ses états de services dans l’armée Allemande, issue des archives de la WASt (Wehrmachtsauskunftstelle für Kriegerverluste und Kriegsgefangene). Elle détaille ses différentes affectations, d’abord en Tchécoslovaquie, puis Pologne et Ukraine.

 

20.8.1943 – 29.1.1944
Reserve Grenadier Bataillon 465
Tarnów (Pologne)

27 – 31 Octobre 1943 : permission

J’ai retrouvé 3 autres photos de lui en uniforme allemand, prises lors d’une permission où il a pu revoir ma grand-mère. Peut-être sa permission d’octobre 1943.

5.12.1943 – 27.1.1944 à Skalbmierz (Pologne) en surveillance de silos à blé

30.1.1944 – 6.3.1944
Division Généralgouvernement Grenadier Regiment
Lemberg 1 Kompagnie F.P 13452 B (Lemberg=Lwow)
(Krasnik, Busk, Lusk) (Ukraine).
Du 5 février au 7 mars, sa compagnie combat contre les Russes dans la région de Kraśnik.

7.3.1944 – 26.3.1944
Krankensammelstelle 6 Lemberg (Lwow)
Erfrierung et Wolhynisches Fieber = « il est atteint de paludisme ».

27.3.1944 – 25.4.1944
Genesende Kompagnie Grenadier-Ersatz Bataillon 465
Weissenfels an Saale

26.4.1944 – 26.5.1944
Genesungs und Erholungsurlaub

Le 19 février 1944, ma grand-mère accouche seule à Sarreguemines sous les bombardements

Pendant la guerre, Sarreguemines n’a pas été épargnée par les bombardements aériens, et a subi plus de douze attaques dévastatrices de 1942 à 1944. Début 1944  les alertes étaient de plus en plus fréquentes, obligeant la population à se réfugier dans les abris et les caves.

Le 19 février 1944, SCHALLER Cécile ressent les premières contractions, et est conduite à l’Hôpital du Parc. La sage-femme qui s’occupe d’elle, constatant qu’elle ne va pas accoucher tout de suite, en profite pour se rendre à vélo à un autre rendez-vous dans Sarreguemines. Mais au bout d’un moment la sirène d’alerte retentit et tout le monde doit rejoindre les abris. La sage-femme ne reviendra pas à temps, et ma grand-mère accouchera seule de son premier fils SADLER Robert lors du bombardement de la gare toute proche !

Mai 1944, il profite d’une permission en Lorraine pour déserter

Sa permission d’un mois devait durer jusqu’au 26 mai 1944. Il décide de ne pas repartir.

A partir du 27 mai 1944, il se cache dans la famille ou chez des amis, dans divers villages de la région : Nelling, Etting, et Sarreguemines.

Le 6 juin 1944, il est arrêté par la Police Militaire en gare de Saarbrücken

Finalement, sous la menace des représailles à sa famille, il décide de quitter Sarreguemines pour retourner à Weissenfels an Saale, son lieu d’affectation. Mais en gare de Saarbrücken il est arrêté par la Police Militaire et interné au Kieselhumes

Le 17 juillet 1944, il est condamné pour désertion et renvoyé sur le front Russe en représailles

Par le tribunal militaire de Leipzig il est condamné pour désertion à 4 semaines de prison, et à être envoyé ensuite au front dans une unité spécialisée.

Le 24 août, il rejoint le « ½ Marsch Bataillon zur Besonderen Verwendung 498 », Chemnitz 2 Kompagnie.

Puis le 3 septembre 1944, le « 253 Infanterie Division Grenadier Regiment 464 2 Kompagnie, FeldPost 34532 C »

Le 14 septembre 1944, il est blessé à Sandomierz en Pologne

En position à Ostrowierz Tarlow sur la Vistule, il est blessé à la jambe gauche par une balle qui lui fracture le péroné : Infanterie Geschoss, Schussbruch Linker Unterschenkel.
Il m’a raconté que le médecin-capitaine qui lui a retiré la balle l’a envié : « Der richtige Heimatschuss » s’était-il écrié !

Suite de ses services dans l’armée allemande (sept 1944 – mai 1945)

15.9.1944 – 9.12.1944
Kriegslazarett 1/533 (R)
Ratibor (Oberschlesien) (Racibórz)
(Une école normale d’instituteurs)
« On y a passé de bons moments, même écouté la BBC. On était au courant de l’avancée des Alliés chez nous en France.
Le médecin voulait m’envoyer en permission dans ma famille quelque part en Allemagne, car il n’y avait plus moyen d’aller à Sarreguemines, vu l’avance des Américains. Mais cela ne me disait rien et il m’a fait partir dans une compagnie de convalescence (encore un qui n’était pas nazi). »

10.12.1944 – 26.12.1944
Feldgenesende. Kompagnie 50
Kressendorf (Krzescowice)
(Cratcovice Czerna)

27.12.1944 – 20.2.1945
Aussenstelle Oderberg SicherungsRegiment 93
Contrôle des trains se dirigeant vers le front ou en revenant. « Planque ».

22.1.1945 – 7.2.1945
« Vu l’avance des Russes, repli. En voyage en train à travers toute la Tchécoslovaquie »

8.2.1945 – 20.2.1945
Sicherungsregiment 93
Böhmisch-Brod (Český Brod)

21.2.1945 – 31.3.1945
6 Volksgrenadier Division – Grenadier Regiment 58
Lauban (Schlesien) FeldPost 16280/4

31.3.1945 – 3.4.1945
Sanitätskompagnie 6
Greifenberg / Schlesien (Gryfow Slaski)
Wolhynisches Fieber

4.4.1945 – 13.4.1945
Sanitätskompagnie 68/IV
Heinersdorf an der Tafelfichte (Jindřichovice pod Smrkem)
Wolhynisches Fieber

14.4.1945 – 8.5.1945
Grenadier Regiment 58 – Stabskompagnie
à Wünschendorf – Lauban (Radogoszcz – Luban) FP 39682 A

Le 9 mai 1945, il est fait prisonnier par les Russes

Le lendemain de l’armistice du 8 mai 1945, il est fait prisonnier par les Russes à Habichtstein dans le nord de la Tchécoslovaquie.

Il sera envoyé dans un camp de prisonniers près d’Hoyerswerda pendant près de 4 mois.

C’était à l’origine l’Oflag IV-D, un camp allemand pour les officiers prisonniers de guerre. En raison des bombardements de Dresde, les autorités allemandes le firent évacuer en février 1945, puis ce sont les russes qui ont continué à l’utiliser pour accueillir les soldats allemands capturés (et parmi eux des malgré-nous Alsaciens et Mosellans) !

Pour en savoir plus sur cette terrible période de sa vie, j’ai retranscrit dans un long article le carnet de captivité qu’il a rédigé en détention. Mais je reprends ici les notes qu’il a rédigées concernant sa libération du camp et son retour en France.

28 août 1945 : derniers jours dans le camp avant la libération

« Un jour passe après l’autre. Le camp est vide sauf les étrangers ! (=autres que les Allemands) Quand partirons-nous ? Il en arrive tous les jours encore des nouveaux, ce soir de Pologne. Les Français vont maintenant travailler en ville ! Qui aurait dit cela il y a quinze jours encore ? Les nerfs sont à bout. Quand je pense combien ma chérie doit se faire de mauvais sang à la maison. Ici on passe les derniers beaux jours de l’année derrière les barbelés. Enfin nous avons toujours la certitude d’être transportés à la maison. Et cela me console beaucoup. »

A partir du 2 septembre 1945 : retour de captivité en train de Frankfort sur Oder par Berlin, Osnabruck, Eindhoven (Hollande), Bruxelles-Schaerbeeck, rapatrié à Valenciennes et démobilisé à Chalons sur Saône

11 septembre 1945 : la ligne de démarcation anglaise

« Pour le moment nous sommes encore avec le transport en route à Alverberg près de Helmstedt à la ligne de démarcation anglaise.
Cela fait déjà deux jours que nous nous arrêtons ici. Les Anglais voulaient d’abord nous conduire dans un camp et nous garder quelques jours en quarantaine mais on va quand même continuer.

Tout de même grand changement d’atmosphère. On remarque au moins on est entre gens civilisés. Tant qu’on était en zone russe tout était sale, pas d’ordre, un ravitaillement plus à décrire. Le marché noir battait son plein. On a tout échangé toutes nos fringues contre du tabac, du pain, etc. à chaque halte presque, tout le transport s’est précipité dans les champs de pommes de terre et de légumes. Quels dégâts ! Mais la faim ne connaît pas de formes. On l’a bien fait chez nous aussi !

Ici en zone anglaise, on respire bien plus librement. Le ravitaillement a été fourni par la Croix-Rouge française. Quelle joie quand on a vu de nouveau toutes ces bonnes choses ! Pain blanc comme neige, chocolat, etc. On se réjouissait comme des enfants à Noël devant le sapin. Tout a aussi été donné avec joie et amour. On nous a vraiment très bien reçus. Quelle belle cordialité française. Nous nous sentons tout à fait des autres hommes. Vraiment nous sommes fiers d’être français et nous saurons le prouver quand nous serons à la maison. Personne ne pourra plus nous séparer de notre chère patrie. »

15 septembre 1945 : rapatrié à Valenciennes

« Nous sommes au Centre de Rapatriement de Valenciennes après avoir roulé quelques jours à travers l’Allemagne, les Pays-Bas (Eindhoven), Bruxelles (Schoerbeck) on nous délivre la carte de Rapatrié et chacun peut envoyer un télégramme chez soi : « Rentrée imminente », tous nos espoirs sont comblés. »

15 septembre 1945 : il peut enfin envoyer un télégramme à ma grand-mère

Télégramme envoyé du Centre de Rapatriement de Valenciennes : « Rentré France. Bonne santé. Arrivée imminente. Jaques Sadler »

16 septembre 1945 : sa carte de rapatrié

18 septembre 1945 : démobilisé à Chalon sur Saône

« Nous continuons vers Chalon sur Saône où nous sommes libérés au centre de triage des Alsaciens Lorrains. ». Certificat de Libération du 18-09-1945

19 septembre 1945 : départ de Chalon sur Saône pour Sarreguemines

« A travers l’Alsace. Mais les lignes de chemin de fer sont à peine réparées et les trains ne circulent pas trop vite. On voudrait parfois sortir et aider à pousser. »

20 septembre 1945 vers 19h : le voilà enfin à la gare de Sarreguemines

« Je crois vraiment rêver. Je n’ai plus qu’une hâte : regagner la ferme de la Cité le plus rapidement possible.

Et pas très loin de la gare qui vois-je : Ma chérie qui est venue sans trop savoir que j’allais rentrer ce soir ; enfin je la tiens dans mes bras. Un affreux cauchemar est fini, je suis le plus heureux des hommes. Et maintenant rentrons vite pour embrasser Petit Roby. Mais il ne me reconnait pas ! Le papa ce n’est pas moi, mais la photo ! Moi, je suis le nounou Papa (Tonton Papa). Dieu soit loué, je suis rentré sain et sauf parmi mes chéris.

Quel instant inoubliable. »

La carte de ses déplacements entre 1939 et 1945

J’ai essayé de reporter sur une carte les divers endroits cités dans les documents et ses écrits, pour mieux me rendre compte des lieux et des distances parcourues.

en vert : Armée Française 1939-40
en bleu : Occupation 1941-42
en brun : Wehrmacht 1943-1945
en rouge : captivité mai-septembre 1945
en violet : retour de captivité 1945

Après-guerre : décorations et documents

Ayant « hérité » des archives de mon grand-père, j’ai aussi pu y trouver de nombreux documents liés aux démarches qu’il a été obligé d’entreprendre pour obtenir la reconnaissance de son incorporation de force dans l’armée allemande, et sa blessure comme une blessure de guerre. Et ceci jusque dans les années 70 !

Et un cadre contenant ses décorations militaires. Il avait toujours été discret concernant ces médailles, et je n’avais jusqu’à peu aucune idée de leur origine.

Mais une fois postée la photo sur le groupe Facebook Généalogie – Recherches militaires, de nombreux membres m’ont apporté leur expertises pour les identifier.

De gauche à droite :
– Croix du combattant
– Médaille des évadés
– Croix de Guerre 1939-45
– Insigne des blessés militaires
– Prisonnier déporté et otage

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13 réponses à « La longue et poignante histoire de mon grand-père SADLER Jacques, malgré-nous pendant la 2ème guerre mondiale »

  1. Beaucoup de documents et d’archives pour reconstituer le parcours de ton grand-père Malgré-Nous. Son journal est un si précieux témoignage. Je vais le lire entièrement un peu plus tard.
    Toutes ces histoires sont poignantes effectivement. Mon grand-père maternel a été également Malgré-Nous. De cette période, il n’a jamais rien dit, à part quelques détails sordides, mais il ne voulait pas en parler. C’est également grâce au retour de la WASt que j’ai pu enfin reconstituer son parcours, en lien avec les quelques souvenirs de ma grande-tante, sa soeur, restée en Moselle à ce moment là. J’avais rédigé quelques articles à son sujet et notamment cette lettre hommage : http://marques-ordinaires.blogspot.com/2018/05/geneatheme-hommage-mon-papi-malgre-nous.html
    Bonne journée à toi !

  2. émouvant à lire ! quelle période !
    j’aimerais avoir autant de renseignements sur mon père PG stalag IVG
    merci de nous le partager

  3. Bravo d’avoir pu retrouver tous ces documents ,quel parcours a eu votre grand pere…!mon grand pere a ete fait prisonnier en 1940 ..il travaillait dans une grande ferme allemande.
    , j’ai aussi des photos de groupe avec les autres prisonniers..il a perdu sa femme en 1942, laissant 3 enfants ? mon grand pere s’est evade , et est rentre difficilement chez lui,amaigri, use , ( il avait 38 ans ) dans la Vienne, mais a ete denonce ….maman m’a souvent raconte ce retour , et qu’ils avaient eu le temps de le cacher lorsque les Allemands sont arrives et ils avaient
    « mis en joue « les 3 enfants pour les faire parler…mon grand , tres calme, reserve , ne m’a pas raconte cette dure periode, il n’a pas pu retravailler ,il est reste a la ferme de sa belle soeur qui avait pris en charge les 3 enfants , gardait les moutons , et j’ai ce souvenir lorsqu’on allait le voir avec mes parents. I l y est reste jusqu’a 60 ans et ensuite a eu sa petite maison ..j’ai beaucoup aime ce grand pere ..mais je regrette de ne pas lui avoir pose des questions. Il est decede a 74 ans. Depuis 3 ans j’ai entrepris la genalogie des 8 branches de mes enfants ..j’ai presque fini ( avec acte naissance et mariage jusqu’en 1650 ) il me manque 5 actes du Finistere qui n’a pas encore tout numerise ..ainsi que les documents militaires de mon grand pere qui ne sont pas en ligne ( j’ai ceux de mes arrieres grands peres) j’avais ecris mais pas de reponse..votre histoire et tous ces documents me donne envie de reprendre mes recherches pour cloturer l’ensemble de mes recherches genealogistes..j’ai partage et fait un album photo de la branche de mon grand
    pere avec tous les actes et que j’ai offert lors d’1 cousinade…heureuse de ce partage.
    Auriez vous un conseil a me donner pour recuperer ces documents militaires ? Merci et encore BRAVO pour ce partage de l’histoire et le parcours militaire de votre grand pere .

  4. Mohammed ALLALATA, Saphis algérien, combattant survivant 1914-1918, né à Meskiana (Algérie) le 01/07/1894, prisonnier à Aulnay et incarcéré au camps de Zossen (Allemagne).

    Bonjour,

    Je suis généalogiste belge et je suis à la recherche du combattant pour la France, cité en rubrique, et de son dossier militaire, ses décorations, d’un dossier de pension militaire ou de toutes informations le concernant.

    Il aurait été marié ou aurait eu des relations avec la fille d’un officier allemand et aurait eu deux enfants de cette union : Muhamed et Karin ALLALATA entre 1914 et 1918.

    Les prénoms et noms de fille de l’officier ainsi que les prénoms et noms de l’officier sont inconnus.

    Je vous remercie de rechercher très précisément et complètement les traces de ce militaire auquel la France doit le respect et la reconnaissance de ses souffrances.

    Je joins ci-dessous la vidéo de la vie de ce camps d’internement à Zossen :

    https://www.youtube.com/watch?v=3dKhpZX7i50

    Ce prisonnier aurait fait l’objet d’un échange de prisonniers allemand à sa libération.

  5. Bonjour, je viens de lire votre article tellement touchant mais je dois dire que c’est votre nom qui m’a interpellé…. Je recherche des membres de la famille SADLER, pour le compte de Geneviève WOLFF avec 2 F (j’ai vu que les vôtres n’en avait qu’un). L’ancêtre auquel je suis remonté est : Jacob (Jacques) SADLER né 17/08/1833 à Hellimer 57 marié le 08/05/1867 à FORBACH 57 à WALTZ Anna (Anne-Marie) 05/05/1843 née à Forbach. Ils ont eu, entre autre peut-être, Maria Paul Eugène SADLER né le 21/01/1881 à 57 FORBACH marié le 30/04/1912 avec WOLFF Virginie (Magdalena) née le 24/11/1888 à Erstein. Ce couple a eu 5 fils : Maria Paul Eugène né et dcd le 05/11/1912 – Norbert Paul né le 25/12/1913 – Joseph Paul né le 18/101918 – Aristide Pierre (peter) né le 21/01/1921 et Albert Eugène Jacques né le 07/01/1925 tous à ERSTEIN 67 –
    Etes-vous de la même famille ?
    Merci de votre réponse
    Bien cordialement
    Mme Dominique CLERC-PIRAT

  6. Bonjour ,
    J’aimerai aussi avoir cette change de retrouve trace de mes deux Grand – Oncles famille Ancel de Ste Marie aux Mines,pour qu’on oublie pas qui sont donné leurs vie . Ci c’est possible avoir des qui pourrai m’aidé a les retrouvés ?
    Je vous remercie de témoignage .

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